Sourire est une bataille

Aujourd'hui encore, comment tenons-nous debout ?

Que faire après des violences subies ? Comment continuer à vivre, à sourire ?

Si nous rentrions dans un immeuble et que nous sonnions à chacune des portes, nous y découvririons des centaines de parcours, des sourires, des batailles silencieuses, des regards qui dévoilent, des rires qui dissimulent. Certains de ces sourires cachent une bataille. Cette grande santé, cette soif de vie, cette énergie, cette rage, cette fougue, cette volonté s’avère plus puissante que les traumatismes, les circonstances, le poids de la famille, du monde, des souffrances ou des errances. Bien souvent, plus que de se remettre de ces peines, nous nous faisons plus grands grâce à elles. Et à travers nous, c’est la vie qui se fait plus forte.

Depuis quelques années, les récits individuels de violences se multiplient et se déploient sur la place publique. Ils nomment ce que des milliers de gens ont traversé un jour, peut- être juste un évènement ponctuel, peut-être une histoire qui se répète inlassablement. Un choc. Des chocs. Mais qu’en est-il de ce qui nous fait tenir debout ? 

À partir du matériau documentaire recueilli, nous écrivons une œuvre de théâtre – nous voulons faire entendre l’histoire d’un frère et d’une sœur ayant traversé́ les mêmes violences intrafamiliales mais chacun en ayant tiré des conclusions différentes. Tous deux sont empreints d’une volonté́ profonde de réparer autrui – peut-être aussi afin de se sauver eux-mêmes. Mais ils n’ont pas choisi la même voie. Lui, ancien délinquant ayant fini par se ranger du côté́ des travailleurs sociaux, accompagne les enfants placés et confiés à l’aide à l’enfance. Et elle, devenue juge. Un même besoin de justice les porte, pourtant ils restent irréconciliables, figés l’un face à l’autre dans l’impression d’avoir dû choisir un camp.